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Le secteur à but non lucratif canadien a traversé une année difficile en 2020, comme nous l’avons vu dans la première partie de mon article de blogue. Que se passera-t-il en 2021 ? Nous ne voulons pas recréer le passé, juste avoir une meilleure version. Ainsi, si nous voulons innover pour connaître une prochaine décennie très ambitieuse, quelles seront nos nouvelles priorités ?

La réponse dépend en partie de ce que nous pensons de l’avenir. Ma boule de cristal n’est pas meilleure que les autres. Les prévisions sont notoirement difficiles. Parfois, elles ne sont que l’expression de ce que le prévisionniste souhaiterait qu’il arrive, et non une évaluation rigoureusement réfléchie de ce qui pourrait se passer de bien ou de mal. Au lieu d’une prévision, ces nouvelles priorités pourraient émerger à la suite d’une réflexion approfondie sur les futurs éléments moteurs et les futures tensions. Les éléments moteurs sont les forces qui sont les plus susceptibles de façonner les choix et les besoins des organisations. Les tensions sont le stress le plus susceptible d’être ressenti lorsque les organisations tentent de faire face aux éléments moteurs. Les priorités sont établies en se basant sur les réponses aux questions que les organisations se posent lorsqu’elles considèrent ces éléments moteurs et ces tensions.

Voici (à mon avis) les éléments moteurs qui pourraient façonner les choix du secteur du bien social en 2021. Chaque organisation fera différemment face aux pressions de ces éléments moteurs. Toutefois, ceux-ci sont importants, que vous soyez un organisme de financement philanthropique ou un organisme à but non lucratif travaillant dans le domaine du bien social :

Alors que les organisations du bien social examinent l’impact de ces éléments moteurs sur leurs stratégies, elles sont également confrontées à d’importantes tensions ou contradictions. Certaines d’entre elles sont plus spécifiques aux organismes de financement. Mais elles sont également importantes pour les bénéficiaires de fonds philanthropiques :

Chaque organisation posera des questions différentes lorsqu’elle considère ces éléments moteurs et ces tensions. Je ne ferai donc que spéculer sur d’éventuelles priorités pour le secteur du bien social dans son ensemble. Quelles questions devrions-nous poser pour nous aider à élaborer des priorités sectorielles à la fin de la pandémie ?

Il est difficile de réfléchir à ces questions. Honnêtement, il est encore plus difficile de répondre à ces questions par l’action. Cela met à l’épreuve notre créativité et notre volonté à renoncer à nos certitudes. Si nous adoptons de nouvelles priorités pour le secteur, nous devons réfléchir à la manière de passer outre à l’urgence immédiate. Il y a une grande pression pour rester concentré sur le moment. Les organismes de financement sont appelés à dépenser davantage, plus rapidement, avec moins de restrictions. Les organisations essaient de gérer la situation avec ce qu’elles ont au lieu d’investir dans ce qu’elles n’ont peut-être pas. Cependant, j’entends les gens parler de la créativité déclenchée par le stress et les bouleversements. Les années folles 1920 ont suivi les années sombres 1910. Pouvons-nous faire la même chose ? Pouvons-nous transformer l’énergie créative en un meilleur développement communautaire ? Je pense que oui, si nous pouvons surmonter les choix difficiles. Une autre question difficile se présente : comment pouvons-nous développer une relation différente avec le gouvernement ? Comment pouvons-nous nous engager plus efficacement dans l’élaboration des politiques ? Comment pouvons-nous collaborer avec le gouvernement pour concevoir une réglementation plus souple et efficace ? Comment pouvons-nous travailler en partenariat en partageant les données et les preuves importantes ? Comment pouvons-nous obtenir la reconnaissance du gouvernement en tant que secteur pour nous permettre de nous épanouir ? Je veux y réfléchir dans mon troisième et dernier article de blogue sur les nouvelles priorités du secteur du bien social.

J’apprends des choses inattendues lorsque je recherche des informations sur les effets de la pandémie et du confinement. Je trouve des mauvaises nouvelles trop facilement dans la presse écrite et d’autres médias. Regarder CNN est une expérience effrayante en ce moment. Cependant, je découvre aussi beaucoup de bonnes nouvelles, surtout sur les médias sociaux. Imaginez ce confinement cinq ou dix ans auparavant sans ces médias. Nous n’aurions pas été en contact avec cette large communauté humaine qui partage, crée et réfléchit à voix haute par le biais de ce réseau mondial. J’ai accès à des informations que je n’aurais tout simplement pas connues si je m’étais limitée à une ou deux sources de médias traditionnels. Encore mieux, je découvre des réponses créatives par l’intermédiaire de la poésie et la musique. Et je tombe sur des réflexions éloquentes concernant notre condition partagée qui me réconfortent et m’inspirent.

Les médias sociaux ont attiré mon attention sur l’une de ces réflexions de Grant Oliphant, PDG de The Heinz Endowments, une fondation privée à Pittsburgh. Oliphant est un praticien réfléchi et éloquent de la philanthropie. Il n’est donc pas surprenant qu’il ait réagi face à cette crise en réfléchissant à la situation dans laquelle nous nous trouvons et à sa signification pour les fondations. Dans The Rescue We Seek, Oliphant résume cinq leçons qu’il pense que cette crise nous enseigne à tous :

À mon avis, Oliphant offre un cadre très utile pour les dirigeants des fondations qui examinent cette crise et pensent à l’avenir. « Il s’avère, » déclare-t-il, « que la justice est importante, tout comme le savoir, le gouvernement et la nature ; il s’avère que ce n’est qu’en soutenant notre avenir commun que nous pouvons être sûrs de l’atteindre. »

Comment les dirigeants des fondations pourraient-ils transformer cette déclaration en actions concrètes ? Réfléchissez à chacune de ces idées. La justice, le savoir, le gouvernement (ou le leadership public) et la nature. Et considérez tous ces éléments du point de vue de l’action collective. Nous pourrions nous poser les questions suivantes.

Justice : que pouvons-nous faire, en tant que fondation, pour lutter contre l’injustice face à cette crise ? Nous avons entendu parler des promesses d’action de la philanthropie et de l’incitation à changer les pratiques des fondations afin de supprimer les obstacles et réduire les déséquilibres de pouvoir entre le donateur et le bénéficiaire. Accorder davantage de fonds sans restrictions aux organisations de nos communautés qui essaient de soutenir les personnes les plus touchées et les plus vulnérables devrait figurer en haut de toutes les listes des donateurs.

Savoir : comment pouvons-nous, en tant que fondation, contribuer au savoir dont l’humanité a besoin pour lutter contre cette menace mondiale et la surmonter ? Même si vous n’avez pas encore envisagé de financer la recherche, il est certainement temps de chercher des opportunités pour soutenir l’effort collectif mondial visant à trouver des traitements, des applications de dépistage et de suivi, des vaccins, etc.

Leadership public : comment pouvons-nous, en tant que fondation, soutenir le développement de leaders publics efficaces pour nous aider durant les crises futures ? Le leadership est plus important que jamais. Comme Nancy Koehn, historienne de Harvard et auteure de Forged in Crisis: The Power of Courageous Leadership in Turbulent Times, le suggère, nous avons besoin de leaders publics qui offrent « une honnêteté brutale et un espoir crédible. » Ces leaders n’émergeront pas sans mentorat ou sans possibilités de croissance. Les jeunes sont en train de nous observer en ce moment. Koehn précise que « ce moment difficile et agité sera certainement un jour considéré, en partie, comme un laboratoire fertile et vivant dans lequel des leaders courageux se sont créés. »

Nature : comment pouvons-nous, en tant que fondation, aider à réparer les dommages causés à notre environnement naturel ? Comme le fait remarquer Oliphant, « vous pouvez considérer ce virus comme un appel à la raison d’une planète en colère, mais je le vois davantage comme une expression de l’évidence : plus nous endommageons l’air, l’eau, les écosystèmes et le climat qui nous donnent vie, plus nous sommes vulnérables à la maladie et à la mort. » Chaque fondation devra un jour ou l’autre réfléchir à ce qu’elle peut faire pour développer un écosystème plus sain. Il s’agit également de justice.

Action collective : comment pouvons-nous, en tant que fondation, contribuer au travail, aux idées et aux initiatives des autres pour que nous puissions être plus efficaces ensemble afin d’obtenir une meilleure justice sociale et environnementale, un savoir plus étendu et un meilleur leadership ? Partout, des fondations privées, des fondations communautaires et d’autres donateurs unissent leurs forces pour répondre à la crise. À la fin de cette crise, chaque fondation devrait envisager une plus grande participation aux efforts collectifs de récupération et de reconstruction.

Oliphant conclut : « Nous vaincrons ce virus, mais ce n’est pas la seule épreuve à laquelle nous sommes confrontés… L’épreuve la plus grande et la plus durable est de savoir si nous utiliserons ce que nous avons appris de ce fléau pour construire une société moins fragile et divisée. » Il s’agit d’une opportunité pour que nous élargissions notre vision et que nous nous développions en tant que donateurs. Une bonne nouvelle parmi les mauvaises.

Voici trois ressources qui encouragent le financement collectif durant cette crise (et il existe aussi de nombreux fonds collectifs au niveau communautaire au Canada) :

Le Fonds de lutte contre la COVID-19 du CIFAR pour mobiliser les meilleurs penseurs au monde, fournir l’espace nécessaire pour faire rapidement face à la COVID-19 et comprendre les menaces futures des pandémies.

Le Fonds COVID-19 pour soutenir l’Organisation mondiale de la Santé, en partenariat avec la Fondation des Nations Unies et la Swiss Philanthropy Foundation. Les donateurs canadiens peuvent acheminer des fonds à l’OMS par l’intermédiaire de la fondation KBF CANADA.

Opportunities for Philanthropic Response to the COVID-19 Crisis (Opportunités de réponses philanthropiques face à la crise de la COVID-19). Le Bridgespan Group explique où les ressources des donateurs peuvent être distribuées d’une manière productive et collective.

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